Depuis 2016, la construction d’une trentaine de prisons est prévue sur le territoire français, majoritairement sur de grandes emprises foncières non artificialisées ou agricoles. Ce vaste programme immobilier entre ainsi en contradiction avec les objectifs de sobriété foncière inscrits dans les documents d’urbanisme depuis la loi de solidarité et de renouvellement urbain (SRU) de 2000 et renforcé depuis l’introduction en 2021 de l’objectif de Zéro artificialisation nette (ZAN) dans la loi Climat et Résilience. L’enjeu de cet article est de comprendre comment cette évolution réglementaire influe sur la construction des prisons contemporaines. Basé sur l’analyse de données cartographiques et statistiques, l’étude de la littérature grise et la réalisation d’entretiens, l’article analyse dans une première partie les effets de la construction des établissements pénitentiaires sur l’étalement urbain et évalue l’ampleur de l’artificialisation des sols causés par les prisons. La seconde partie de l’article est consacrée à l’étude des stratégies mises en œuvre par les concepteurs des prisons pour en limiter les effets sur l’artificialisation des sols en suivant la séquence « éviter, réduire, compenser » (ERC).